Dieu existe me disait-il. Et il ajoutait dans un murmure délicat, comme pour s'excuser de je ne sais quel péché irrémissible: La preuve, je ne l'ai jamais rencontré... mais la musique est là, celle vous laissant perdre un peu de votre arrogance. Pachelbel ou Grieg.Il s'appelait Victor Greimas. Il était grand. Ses cheveux avaient été noirs et ses yeux furent toujours sombres. Son allure générale pouvait faire penser à une sorte de banquier, de chef d'entreprise ou d'affairiste quelconque. Mais il ne fut jamais rien d'autre qu'un marquis français. Un marquis fauché. Mais là-bas, à Mauthausen, riche, pauvre, chômeur, paysan, ouvrier ou patron, ça ne signifiait pas grand-chose.Là-bas, en Autriche, ils marchèrent deux ou trois heures avant d'atteindre le but de leur sinistre voyage. Seul (peut-être), Victor avait compris. Cet endroit était un camp de la mort. Morange lui en avait parlé. Il lui avait décrit l'univers concentrationnaire mis au point par les nazis.Dès le début. Au commencement de ce qui n'était pas encore, aux yeux des ambassadeurs, des écrivaillons et des curés, l'apocalypse. Morange lui avait expliqué le sort réservé aux communistes puis aux handicapés, aux Tziganes et aux Juifs... Il lui avait non seulement nommé deux ou trois camps, mais avait pu les localiser sur une carte du Reich.Là-bas, ils marchaient...Des SS chaudement habillés les avaient fait s'ordonner cinq par cinq. Victor comprit vite qu'il valait mieux ne pas être placé dans les rangs extérieurs, car les soldats frappaient volontiers avec la crosse de leurs armes. Des fusils flambant neufs.La nuit était étrangement noire. Dense.Hitler était né à Braunau-am-Inn dans l'auberge Gasthof zum Pommer, non loin de Linz où il fut scolarisé à la Realschule. Il y redoubla dès la première année. Il rêvait de prendre une longue et heureuse retraite dans cette ville pour laquelle il voulait faire de grandes et belles choses comme des musées, des monuments à la gloire du Reich éternel, un stade olympique et, naturellement, une vaste demeure pour lui et les siens.Un palais.Les Autrichiens croyaient-ils sincèrement que le Führer avait des siens avec une vraie famille et des amis intimes prêts à participer à de merveilleuses réunions conviviales et animées? Adolf avait-il pour unique ambition de venir bénéficier d'une prébende bien méritée dans la cité de sa jeunesse, en famille? Dans une Allemagne prospère et paisible?
- | Author: Philippe Poigeaud
- | Publisher: Independently Published
- | Publication Date: May 02, 2019
- | Number of Pages: 141 pages
- | Language: French
- | Binding: Paperback
- | ISBN-10: 1096468638
- | ISBN-13: 9781096468639